cinéma - Elena

Publié le 5 Avril 2012

Un film d' Andréi Zviaquintsiev.

elena.jpgOn a vu et lu maintes fois l’histoire racontée par ce film.

Elena et Vladimir vivent ensemble depuis dix ans. C’est un couple vieillissant, lui est riche, elle, était infirmière. Leur vie est réglée et silencieuse, Vladimir reste dans son monde,  traitant Elena plus comme une employée que comme une épouse. Parce qu’il ne veut pas lui donner de l’argent pour aider son fils, elle va ajouter à ses médicaments traitant son infarctus le viagra qu'il prend habituellement, et qui entraînera sa mort.

Mais le film de  Zviaquintsiev est d’une beauté subjuguante. La lenteur des plans offre des tableaux qui font penser à Vermeer, à Bergman aussi. Son monde est froid, sans chaleur, sans âme. On y parle peu, on n’y aime peu. Il n’y a pas de gentil dans ce monde là, Vladimir est sec et égoïste, le fils d’Elena est un parasite paresseux, la fille de Vladimir court après son seul plaisir, Elena n’hésitera pas à tuer.

C’est la première lecture du film. Celle d’un monde désespéré, sans valeur, hostile et prêt à tout.

Il y aussi une lecture sociale. Un monde se meurt, celui de Vladimir, le monde de la réussite gagnée par le travail, honnête ou non, on ne sait pas. Mais après lui, il n’y a rien. Que l’héritière, oisive et hédoniste, profiteuse sans scrupule, bohème usant de l’alcool et la drogue, courant après un amour inassouvi peut-être, désabusée au point de refuser de donner la vie.

Et puis il y a le fils d’Elena, qui vit dans un immeuble sordide dans la banlieue éloignée, qui veut tout sans l’avoir gagné, qui veut profiter en prenant. Il est sans valeur, enfermé dans un univers de mesquinerie, aveuglé par l’envie, qui rêve que son fils fasse des études, et qui ne voit pas que c’est un bon à pas grand-chose.

Ces deux mondes s’ignorent et ne se rencontreront pas, ils n'appartiennent pas à la même classe, même si tous deux ont ce point commun, la recherche insensée des plaisirs, sans les efforts pour les conquérir.     

Dans l’appartement luxueux et froid de Vladimir, Elena installera son fils et sa famille. Triomphe du fils, provisoire peut-être, car on pressent que la fille de Vladimir n’a pas dit son dernier mot, et que ses mondes de profiteurs vont se déchirer. Lutte des profiteurs, lutte des classes aussi ?

Rédigé par jdio

Publié dans #un peu de culture

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