l'impuissance du politique

Publié le 6 Mai 2011

Un sondage comme il en fleurit tous les jours montre que les français jugent négatif, dans leur majorité, le bilan de Nicolas Sarkozy.

Un bilan pourra-t-il jamais être jugé positif tant que, les politiques, de toute couleur, mentiront aux gens en leur faisant croire qu'ils sont tout puissants?

Pour accrocher le chaland électeur, les politiques nous font croire qu'ils peuvent tout, que tout est à leur main, qu'avec un peu de volontarisme et un programme, on peut changer la vie des français. Or c'est évidemment un mensonge, volontaire ou non. Dans le monde d'aujourd'hui, marqué par la mondialisation et la suprématie de l'économique et des marchés, le pouvoir du politique est réduit à la portion congrue.

La mondialisation a fait perdre à la France le quart de ses emplois industriels en 10 ans.

L'histoire récente de la France, pour ne parler que d'elle, est marquée par la disparition progressive de son industrie : le quart des emplois industriels a disparu en 10 ans. Les causes ? L'ouverture des marchés et la compétition perdue contre les entreprises situées dans des pays à bas coûts d'abord, les délocalisations ensuite, d'abord initiées comme une réponse à la concurrence, aujourd'hui mises en oeuvre comme des actes de gestion ordinaire par des directions financières soumises au diktat des marchés financiers et par conséquent obnubilées par le taux de profit.

La conséquence : un taux de chômage de 10% (dans les années 70, le clignotant du chômage était de 3%, seuil à partir duquel on pensait qu'il y aurait des mouvements de révolte des citoyens !!), un pouvoir d'achat de la majorité des français en berne, les salaires étant ramenés à une simple variable d'ajustement du prix de revient.

Au total, avec plus de 10% de la population active sans emploi, 10% qui ont des salaires bas et précaires, et la majorité des autres qui voient leur pouvoir d'achat stagner, on ne voit pas comment relancer l'économie de façon à retourner la tendance.

Il ne faudra pas compter sur la croissance de la consommation, complètement liée au pouvoir d'achat, sauf à encourager le recours à l'endettement, avec le risque de crises à l'instar de celle des surprimes américains. On ne pourra pas non plus compter sur l'investissement, pour une partie liée à la consommation. Les dépenses d'innovation et de recherche développement sont sans doute une arme possible, nécessaire même si on veut exister à l'étranger. Mais les actions seront limitées par les difficultés budgétaires de l'Etat, et aussi par la délocalisation croissante de ces activités par les grandes entreprises.

Le centre de gravité du monde s'est déplacé vers l'Est.

Le monde repose sur le dogme des bienfaits de la mondialisation, qu'on a confondu hâtivement avec ceux du libre-échange, qui avaient fait le bonheurs des européens au 19ème siècle. A cette époque, on pillait nos colonies de leurs matières premières, en échange de nos produits industriels. C'était du gagnant-perdant, comme on dirait aujourd'hui, basé sur un rapport de force et l'exploitation du plus faible par le plus fort.

La mondialisation d'aujourd'hui repose sur le dogme de la libre concurrence, voulue sans entrave, formalisée par l'OMC et l'Europe.

Pénalisée en plus par un euro voulu fort pour des raisons de prestige politique, l'Europe n'a aucune chance de survie. Elle en a d'autant moins que le mouvement est amplifié par les délocalisations à tout crin, qui ont d'abord concerné les activités de main d'oeuvre dites à faible valeur ajoutée, et qui depuis quelques années concernent les activités de services, notamment financiers, d'innovation, de recherche. Il sera quasi impossible dans les prochaines années à un jeune ingénieur informaticien français de trouver un emploi en France. Les grandes SSII françaises emploient des milliers d'ingénieurs ailleurs qu'en France. On transfère aujourdhui non seulement la fabrication, mais aussi le savoir-faire et la créativité

Des politiques inconscients ou insouciants.

Face à cette formidable évolution du monde, qui va fermer la parenthèse de quelques siècles de domination du monde par l'Occident, et redonner à la Chine le premier rôle qui a toujours été le sien, les programmes politiques des uns et des autres paraissent ne pas même montrer une quelconque prise de conscience de la gravité des questions. On continue tant bien que mal à proposer ou exclure les recettes de toujours, alors que le pouvoir de changer les choses nous a échappé.

Sauf à faire évoluer les règles du monde. Certains des défenseurs les plus acharnés de la libre concurrence ont perdu un peu de leur superbe. Mais une entente entre occidentaux sur ces sujets sera longue et délicate, si elle arrive un jour, et pas trop tard, l'intérêt à court terme prévalant régulièrement sur celui à moyen terme. Quand Alstom refuse de céder ses technologies, Siemens y consent, et gagne le marché. Gain à court terme pour l'allemand, satisfaction du marché, mais perte à long terme pour l'Europe.

Aucun parti politique n' aborde ces sujets, parce qu'ils n'en ont pas pris conscience, ou parce qu'ils ont  peur d'être pris pour des anti-progressistes ou des nationalistes passéistes. A la grande satisfaction de l'Inde et de la Chine.

Dans ces conditions, ils ne pourront pas changer le cours des choses, le chômage ira en augmentant sous l'effet de la mort d'entreprises et des délocalisations, les salaires se comprimeront, pour maintenir la position concurrentielle, la consommation stagnera ou n'augmentera que faiblement, profitant plus peut-être d'ailleurs aux produits importés, et la croissance sera molle ou inexistante.C'est le processus infernal de la stagnation, voire de la récession.

Et les citoyens marqueront leur déception dans les sondages. Dans un premier temps ?

 

 

Rédigé par jdio

Publié dans #humeurs

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