Hewlett-Packard - ou les excès de l'arbitraire?

Publié le 2 Septembre 2011

Coup de tonnerre dans l'industrie informatique : Hewlett-Packard va céder son activité PC.

 

HP-copie-1.jpgHewlett-Packard, ce n'est pas n'importe qui dans l'activité des PC. Ce n'est rien moins que le n°1 mondial !

28,5 milliards d'euros. C'est le chiffre d'affaires qu'a généré l'activité PC pour le Groupe HP en 2010. Soit un tiers du chiffre d'affaires global du Groupe!

Cette décision qui a pris de court le marché est l'oeuvre du nouveau PDG d' HP, Léo Apotheker.

A la tête d'D'HP, il a fait le ménage dans la direction Générale, avant de prendre une décision d'une brutalité stratégique extrême.

Le marché du PC montre des signes de faiblesse : au premier trimestre le marché mondait des PC est en recul de 16% en Europe de l'Ouest, 3% au niveau mondial. Les marges restent honorables, à près de 6%.

Mais Léo Apothéker est issu du monde du logiciel, il était Président du groupe allemand SAP, où la rentabilité est plus proche de 20% que de 6%.

Cela n'est pas sans rappeler la décision d'IBM en 2005, qui a cédé au chinois Lénovo son activité PC. Ce dernier s'en porte fort bien, merci pour lui!  Cette cession a sonné la fin du règne d'IBM, et a créé chez les salariés une blessure indélébile.

Le marché du matériel informatique est certes compliqué, et en perpétuel changement. Le micro portable remplace progressivement le PC. Les smartphones et tablettes connaissent un succès éclatant, et on peut s'interroger sur les conséquences futures pour le micro portable.

hp-touchpad.jpgMais HP n'est pas absent de ces nouvelles technologies, bien au contraire. HP développe la tablette TouchPad, avec un système d'exploitation WebOS, que Léo Apothéker voulait, il y a encore peu, installer partout, dans les tablettes et les PC, et dans les matériels des autres fabricants. Il avait acheté la moribonde Palm dans ce cadre. Après avoir été un pionnier du PDA avec l'Ipaq, HP est bien présent dans le smartphone, produit qui en est le prolongement.

C'est donc à un retournement stratégique énorme auquel on assiste.

En remplacement de l'activité PC, HP va acquérir un éditeur de logiciels anglais, Autonomy. Au prix de 5,5 milliards d'euros.

Les conditions exactes du désengagement d'HP ne sont pas encore fixées. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y aura plus de PC HP d'ici 12 à 18 mois, et le coup d'arrêt a d'ores et déjà été donné au développement du WebOS et de ses produits.

Quelles conséquences ?

L'histoire se prononcera sur la pertinence de la stratégie de Léo Apotheker.

En attendant, si l'activité est reprise directement ou indirectement par un fabricant asiatique, ce sera encore un pas de plus vers la domination totale de l'Asie d'un secteur à haute technologie. L'intérêt des États n'est pas celui des Grands Groupes : avec ses 9,5 % de chômeurs, les EU n'ont rien à gagner à cette cession, même si les matériels HP mobilisent déjà pour une grande part une main d'oeuvre asiatique.

Dans un article récent, je m'interrogeais sur ces grandes entreprises qui changent de stratégie comme de PDG, et qui y perdent leur âme et celle des salariés.

Je pense à ces milliers de salariés d' HP qui sont bouleversés par cette décision qui nie leurs compétences et leur savoir, et qui balaye d'un revers de powerpoint tous les efforts fournis pendant des dizaines d'années pour devenir n°1 mondial. Comment maintenir demain chez HP un esprit et une culture d'entreprise quand le président bafoue à ce point des milliers de salariés en cédant l'activité de base du Groupe?

Quel exemple pour l'ensemble des salariés des grands groupes, et comment pourront-ils continuer longtemps à s'impliquer dans des entreprises qui sont capables de tout remettre en question à l'occasion de l'arrivée d'un nouveau Président ?

Ce nouveau signal donné à l'ensemble des salariés par un PDG parachuté qui a besoin de justifier son existence ne peut qu' effriter encore un peu plus la confiance portée aux directions de ces grands Groupes, dorénavant dirigés par des mercenaires sans états d'âme, à la faible culture industrielle, et qui n'ont jamais connu l'entreprise qu'au travers du prisme déformant et déshumanisé des structures de management ?

La démocratie gagne du terrain en politique, et c'est tant mieux.

L'entreprise est un monde où le pouvoir discrétionnaire d'un seul homme peut encore tout remettre en cause. Les contre-pouvoirs que devraient être les conseils d'administration et les actionnaires jouent rarement leur rôle. Ils ne savent que sanctionner, parfois, quand le profit ne vient pas assez vite.

Les salariés et les clients sont toujours en dehors du circuit décisionnel.

La démocratie devra passer, aussi, un jour, par l'entreprise.

Rédigé par jdio

Publié dans #humeurs

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