on a sauvé la Grèce, et après ?

Publié le 22 Juillet 2011

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On a sauvé la Grèce et l'euro.

C'est sans doute tant mieux, lâcher la Grèce sous la pression des marchés aurait été la pire des choses.

Faut-il pour autant partager l'enthousiasme débordant de François Baroin, qui ne cesse pas de parler d'accord historique, et de proclamer que tous les ministres, dont lui-même, sont entrés dans l'Histoire?

Passons sur tous ces milliards, 160, qui surgissent comme par miracle, et qui vont appauvrir les autres Etats et leurs institutions financières, car ils sont constitués d''endettement supplémentaire des États (15 milliarsd €) pour la France et d'abandon ou rééchelonnement de créances de la part des institutions financières.  Avec des conséquences évidemment sur leurs bilan, fonds propres, et capacité future de prêter, notamment aux entreprises.

Quand une personne est surendettée, c'est à dire a des revenus qui ne lui permettent plus de rembourser ses emprunts, la première chose à faire est de diminuer ses charges de remboursement pour les adapter à ses revenus. Pour cela, on allonge d'abord la durée des dettes existantes, on peut aussi supprimer purement et simplement certaines dettes, on peut encore prêter au débiteur  sur des durées longues pour qu'il rembourse les prêts à durée plus courte.

C'est ce qu'on vient de faire pour la Grèce.

Mais rien ne sera réglé tant qu'on n'aura pas fait en sorte que ce qui a amené la Grèce à cette situation catastrophique ne se reproduise pas.

Pour ce faire, le gouvernement grec tente difficilement le plan d'austérité très classiquement concocté par le FMI. On ne connait pas d'autres remèdes pour réduire les déficits et l'endettement que de baisser les dépenses publiques et augmenter les recettes, c'est à dire les impôts. A ce jeu là, ce sont les plus modestes et la classe moyenne qui trinquent, via le chômage et la pression fiscale réductrice de pouvoir d'achat. C'est ce que refuse la population grecque, avec ces imposantes manifestations des  indignés qui mobilisent des dizaines de milliers de personnes.

Plus fondamentalement encore, il faut se poser la question des conséquences d'une monnaie unique appliquée à une zone d'Etats aux niveaux économiques différents. Le gagnant-gagnant relève de la foi du charbonnier dans le libre-échange, le plus fort l'emporte toujours.

Sans monnaie unique, le plus faible dévalue sa monnaie, retrouve ainsi de la compétitivité, et sauve ses emplois. Cela offre le temps de faire des réformes de fond qui permettront au pays de trouver la compétitivité indispensable à sa survie.

Dans un espace à monnaie unique, jouer sur la variable monétaire n'est plus possible. C'est la mort assurée, la disparition des entreprises, et de l'emploi. Alors l'Etat compense par des dépenses plus importantes, qui creusent davantage encore le deficit déja généré par la baisse des recettes fiscales, elles-mêmes conscutives à la baisse des revenues causées par celle de l'emploi. C'est l'engrenage infernal, qui, ajouté à la spécificité de l'environnement grec, a abouti à la situation de la Grèce aujourd'hui.

En octroyant à la Grèce les milliards d'euros évitant sa mise en défaut, on évite le pire dans l'immédiat.

Mais on n'a rien résolu à moyen terme, et le risque est grand de voir resurgir dans les mois qui viennent des crises similaires, sur la Grèce ou d'autres Etats européens.

Il faudra bien un jour poser le débat tabou de la pertinence économique pour un pays faible d'avoir une monnaie forte.


NB Le point le plus porteur pour l'avenir est peut-être la constitution des prémices de ce qui pourrait être un futur fonds de stabilisation des changes européen, préconisé notamment par Jacques Attali.

 

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Rédigé par jdio

Publié dans #humeurs

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