la puissance déclinante du politique

Publié le 28 Novembre 2011

Le pouvoir politique n'est plus maître des évènements. Le véritable pouvoir est dorénavant ailleurs.

On sait que le pouvoir du politique sur l'économique est limité. La mondialisation, la dimension des entreprises multi-nationales, la suprématie des marchés, ont réduit à la peau de chagrin le champ d'action des gouvernements nationaux. Les marchés ont mis le feu aux étincelles de la dette européenne, ont démis trois gouvernements, et menacent la pérennité de l'euro et de sa zone en annonçant avec pertes et fracas que tous les pays de l'Europe sont dégradables.

Les pouvoirs politiques sont impuissants à contrôler la situation, et regardent, béats, les gouvernements tomber, les taux d'intérêt s'envoler, les entreprises délocaliser, la confiance s'effriter, le chômage enfler inexorablement.

Deux décisions du Conseil d'Etat, qui prennent le contre-pied de mesures récentes, soulignent encore la réduction à presque plus rien de la marge de manoeuvre du politique.

Le gouvernement français avait décidé, en 2008, de suspendre la culture du maïs OGM sur le territoire français. Le Conseil d'Etat a répondu favorablement à l'appel de la multinationale américaine Monsanto, en revenant sur la décision, au prétexte que la nocivité n'avait pas été démontrée! La liberté de commercer en rond prime tout, et prévaut sur le principe de précaution qui avait conduit à la décision gouvernementale.

Ce même Conseil d'Etat, décidément très conservateur, a considéré illégal le blocage du prix du gaz décrété par le gouvernement au premier semestre 2011. Sans cette décision, le gaz aurait augmenté de 8 à 10%, après les hausses faramineuses de ces dernières années.

Dans ces deux cas, le Conseil d'Etat a préféré la liberté du marché et l'intérêt des grands groupes au principe de précaution et défense du pouvoir d'achat des citoyens. A moins qu'il ait voulu exprimer une opposition au gouvernement actuel. Dans les deux cas, il montre la faiblesse du pouvoir politique, et la difficulté à prendre et mettre en oeuvre les décisions.

Entre une économie mondialisée dominée par les marchés et les banquiers de l'ombre, des législations internes bloquantes, une Europe avec des règles et des principes, mais sans autorité reconnue, il ne reste pas grand-chose aux politiques pour changer la face des choses.

Le pouvoir attire toujours, on le voit encore avec la multiplicité des petits candidats, prêts à entrer dans la bataille présidentielle sans espoir de faire plus que 1 à 2%.

Pourtant, c'est en grande partie un mirage. Le pouvoir est aujourd'hui alleurs. Au grand dam de la démocratie.

Rédigé par jdio

Publié dans #humeurs

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