le retour des indignés

Publié le 18 Octobre 2011

Les indignés reviennent.

Ce ne sont pas les agences de notation qui vont freiner le mouvement.

indignes-grece.jpgDans deux articles*, je soulignai l'énormité du rôle que le système accorde désormais aux agences de notation. Tantôt c'est S&P qui dégrade les EU, tantôt c'est Fitch qui s'attaque à l'Espagne ou l'Italie, tantôt c'est Moody's qui s'en prend à la France.

On est arrivé au moment absurde où des agences qui ont été mises en avant pour apporter de la sécurité, amènent spéculation et désordre, et interdisent le succès des plans qu'elles-mêmes souhaitent.

Le Pdg de S&P a beau avoir été viré, rien n'y fait, le bal continue, et comme prévu dans l'article "au suivant", c'est la France qui est maintenant dans le viseur de Moody's. Chiche que la dégradation va venir avec la gauche ! En annonçant que le triple A est sous surveillance négative pendant trois mois, elle ne fait que se couvrir auprès de l'opinion d'une dégradation déjà décidée, et qu'elle souhaite faire passer pour réfléchie et non sauvage.

crise_financiere_profonde.pngC'est d'autant plus grotesque que la France a son plan, qui a été reconnu efficient par les Agences, et qu'il est vain d'en vouloir voir des effets à court terme.

Je ne suis pas un adepte des théories du complot, mais on peut s'interroger sur les véritables motivations de ces agences qui dégradent, ou font des annonces, à tour de bras, sans souci des conséquences dramatiques qu'elles engendrent pour les peuples.

Si à chaque mise sous surveillance ou dégradation par une agence, les gouvernements doivent durcir encore leurs plans d'austérité pour plaire à une poignée de jeunots cravatés, inutile d'espérer la moindre pointe de perspectives de croissance. On assistera au contraire à une escalade dans la dureté des plans d'austérité, avec son cortège de chômage et de précarité.

Le mouvement des indignés qui semblait s'émousser repart de plus belle, et dégénère souvent dans la violence. Il prend force aussi aux EU, et à Wall Street, symbole des excès d'une financiarisation destructrice.  Le mouvement se propage, et des personnalités de tous bords annoncent leur compréhension (Merkel, Trichet et son prochain remplaçant Mario Draghi ..).

Quel sera l'avenir ?

L'idée de réserver la notation des pays à une agence internationale (et non simplement américaine) dépendant d'organismes internationaux sera longue à émerger, si elle naît un jour. Et changer le prof pour un noteur plus clément ne rend pas forcément l'élève meilleur.

Imposer des règles de bonne conduite à ces agences est moins ambitieux, mais plus pragmatique. Ne plus faire dépendre la notation des États de l'arbitraire de trois agences commerciales en la mettant sous contrôle, du FMI par exemple, est aussi possible. C'est aux politiques de trouver des solutions, pour que l'avenir économique de la planète ne soit pas entre les mains de trois censeurs non désintéressés.

Réfléchir aussi sur la signification de noter un pays. Il y a l'Etat et les agents économiques qui le composent. On fait un amalgame sans nuance. On note un pays comme un créancier ordinaire, la réalité est plus subtile que cela.

Mais la réflexion est aussi à élargir.

stiglitz.JPGOn ne traite aujourd'hui que de l'aspect financier de la crise. Il faut le faire, mais pas seulement.

Les excès du secteur financier ne sont pas cause de tout.

C'est la thèse du prix Nobel 2011 d'économie, Joseph Stiglitz (ci-contre), qui dans un interview au site Youphil, met en avant des causes de la crise auxquelles on ne s'attaque pas : course à la productivité destructrice d'emploi, compétition avec les pays émergents, système monétaire international qui favorise l'épargne des pays, les prix élevés de l'énergie qui transfèrent l'argent aux pays producteurs. Pour lui, l'austérité va aggraver le problème, qui n'est pas de supprimer le déficit pour le déficit. Il faut remettre les EU au travail, c'est à dire créer des emplois. C'est une position qui a été maintes fois soutenue ici.

On peut regretter pourtant que dans son interview il ne voit que les dépenses publiques pour relancer l'emploi, c'est à dire une aggravation du déficit. Or avec le système actuel de notation et des noteurs auto-proclamés "Dieu le père", une pareille orientation semble impossible. Il faudrait un peu de protectionnisme sans doute, aussi une prise de conscience collective, qui augmentera la préférence nationale à produire et consommer des biens et services français, liée à une politique industrielle et d'aménagement du territoire depuis longtemps abandonnée; une Europe plus forte et plus solidaire, pourquoi pas à deux vitesses avec un noyau dur orienté vers une intégration politique et économique.

D'ici là, il est à craindre que les agences de notation aient tout le loisir de jouer aux apprentis sorciers, et que la "dictature des marchés" continue à faire des ravages parmi les peuples. indignes4.jpg

 

 

 

 

 

 

* les pyromanes   au suivant ... le monde vu par Moody's

Rédigé par jdio

Publié dans #humeurs

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